
Question transmise par mail au Médecin du travail, le 5 juin 2020 :
« En prévision de futures périodes de forte chaleur, nous étudions différentes possibilités. L’une d’elle est la mise en place de brumisateur soit en atelier, soit des petits brumisateurs individuels. Cette technologie est-elle compatible avec le risque d’exposition au COVID-19 ? Absence de risque ? »
Rappels des modalités de transmission du COVID-19
Le Covid-19 n’a pas une voie unique de transmission. Les principales modalités de transmission de ce virus sont les suivantes :
- Transmission directe par émission de gouttelettes lors d’effort de toux ou d’éternuement, mais également lors de la parole, par le malade infecté symptomatique ou non vers une personne saine présente à une courte distance (1 mètre), avec risque de contamination par la muqueuse respiratoire principalement ;
- Transmission par contacts avec la bouche, le nez, ou les muqueuses des yeux.
Le Haut Conseil de la Santé Publique[i] précise qu’il n’existe pas d’études prouvant une transmission interhumaine du virus par des aérosols sur de longues distances. Ce mode de transmission ne semble pas être le mode de transmission majoritaire.
Le Haut Conseil souligne cependant que le risque ne peut pas être exclu pour les environnements intérieurs clos, confinés, mal aérés ou insuffisamment ventilés.
Rappels sur les mesures barrières
Les règles d’hygiène et de prévention de la transmission du COVID-19 ont pour objectif de protéger les salariés et de limiter au maximum la transmission interindividuelle.
Elles doivent être enseignées et rappelées auprès des salariés dans la durée, en particulier pendant les périodes de forte chaleur.
- La distanciation physique doit permettre à tout individu d’être à une distance d’au moins 1 mètre de tout autre individu ;
- L’hygiène des mains doit être scrupuleusement respectée soit par un lavage à l’eau et au savon (serviettes à usage unique) soit par une friction hydro-alcoolique ;
- Le port du masque est recommandé dès lors que les règles de distanciation physique ne peuvent être garanties. Lorsque deux personnes sont possiblement en contact.
Remarque : le port du masque ne dispense pas du respect de la distanciation physique et de l’hygiène des mains.
Refroidissement des locaux en cas de forte chaleur
Beaucoup d’hypothèses et de questions partent du principe que l’on risque d’associer dans le même lieu des personnes contaminées et des personnes saines en raison du caractère aymptomatique possible de l’atteinte du COVID-19. La crainte est alors de favoriser une contamination par l’aérosolisation et dispersion de particules virales.
Climatiseurs individuels
On entend par climatisation individuelle un équipement qui n’est pas lié à la ventilation du local à climatiser et qui associe généralement une pompe à chaleur et une ou plusieurs unités intérieures situées dans les pièces ou locaux à climatiser (les splits).
Les climatisations peuvent refroidir ou être mixtes (technologie inverter), assurer la fonction chauffage et la fonction refroidissement. Le climatiseur individuel ne ventile pas le local. L’air rejeté dans la pièce a été refroidi rejeté et provient de cette même pièce.
La ventilation peut être naturelle ou forcée avec une installation de type ventilation mécanique contrôlée (VMC).
La ventilation ne dispense pas les occupants d’une pièce d’assurer une aération périodique en ouvrant périodiquement les fenêtres (10 à 15 minutes au minimum 2 fois par jour à minima).
Selon la Haute Autorité de Sûreté, un climatiseur individuel dans un local ayant au préalable une ventilation mécanique, s’il est équipé de filtres performants et correctement entretenus (HEPA, EPA E12) ne serait pas à l’origine de problèmes liés au COVID-19.
Cependant, il convient de préciser que même filtré, le « flux d’air » engendré par le climatiseur peut augmenter la distance de projection des gouttelettes émises. Pour cette raison, la Haute Autorité de Sûreté recommande dans cette situation le port de masque grand public en tissu (70 % d’efficacité pour les particules de 3 µm) dans un espace clos, dans le but de limiter l’émissions de gouttelettes infectieuses, si on n’a pas l’assurance de l’absence de porteurs de virus.
Installations dites collectives
Pour les installations dites collectives avec centrale de traitement d’air, il est recommandé de vérifier l’absence de mélange et l’étanchéité entre l’air repris des locaux et de l’air neuf dans les centrales de traitement d’air, afin de prévenir l’éventuelle recirculation de particules virales dans l’ensemble des locaux par l’air soufflé.
Les installations disposant d’unités terminales (de type ventilo-convecteurs) situées en allège sous les fenêtres ou dans un plénum (de type faux-plafond) qui brassent l’air d’une pièce ou d’une plate-forme (open-spaces) pour le rafraîchir, peuvent poser problème.

Dans cette configuration, si plusieurs personnes sont présentes dans la même pièce, il est recommandé qu’elles portent un masque de protection en complément des mesures barrières préconisées.
Selon la Haute Autorité de Sûreté, les climatisations collectives correctement entretenues ne présentent ainsi pas de risque. Un entretien conforme aux règles de l’art est à réaliser par des professionnels. Il sera porté la plus grande attention à la maintenance des filtres.
Les ventilateurs
Les ventilateurs n’ont pas la même fonctionnalité qu’une climatisation. Ils peuvent rafraichir les personnes lors de la canicule dans une pièce commune, en créant un flux d’air.
Le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique souligne que le ventilateur rend la charge virale homogène dans une pièce. Le ventilateur individuel pour une personne seule dans une pièce ne pose pas de problème.
Le danger apparait dans des locaux collectifs. En créant un mouvement d’air important, le ventilateur va projeter les gouttelettes respiratoires émises par les personnes à distance dans la pièce et rendra inopérante la distance de sécurité entre les personnes. Dans cette configuration le port du masque grand public est recommandé.
Brumisation en usage extérieur ou espace de grand volume
Comme pour le ventilateur, la brumisation ne répond pas au même objectif que la climatisation. L’injection de fines gouttelettes d’eau apporte du confort durant des périodes de forte chaleur.
Ce procédé augmente l’humidité relative de l’air qui est indirectement débarrassé de ses petites particules se fixant aux gouttelettes du brouillard. Le brouillard aura tendance à fixer les particules et les faire tomber au sol. L’air peut ainsi être plus propre.
A l’extérieur et dans des espaces de grand volume, il y aura une dilution des gouttelettes respiratoires émises par les personnes lors de la parole, la toux et les éternuements.
Selon le Haut Conseil de la Santé Publique, le risque de contamination par le COVID-19 est peu probable.
Rappelons quel’eau utilisée doit être sanitairement correcte (eau potable ou eau minérale). Interdire la stagnation de l’eau dans le brumisateur, d’autres pathologies peuvent être provoquées telles que la légionellose.
[i] Avis Relatif à la gestion de l’épidémie de Covid-19 en cas d’exposition de la population à des vagues de chaleur du 6 mai 2020
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